Interview de Laurent Castaing, Directeur général des Chantiers de l’Atlantique
Le 26 novembre dernier, Laurent Castaing, Directeur général des Chantiers de l’Atlantique, a choisi le Pôle EMC2 pour venir présenter la stratégie « Zéro émission » de l’entreprise à horizon 2040.
L’entreprise nazairienne, un des leaders mondiaux pour la conception, la fabrication, le montage et la mise en service de navires hautement complexes et d’installations marines, s’est fixée pour les prochaines années de grandes ambitions tant économiques, écologiques, territoriales que technologiques. Maintenir à Saint-Nazaire une industrie de construction maritime solide, rester dans la course des leaders mondiaux pour les grands navires complexes, être acteur majeur de la transition énergétique à l’échelle européenne et construire une image industrielle moderne de l’entreprise sont tant d’enjeux que cherche à relever Laurent Castaing et l’ensemble de son équipe des Chantiers de l’Atlantique. Revenons sur son intervention et sur les points clefs qu’il a soulignés.
Si nous ne devions retenir qu’une seule phrase de votre intervention, ce serait très certainement celle-ci : « Nous concevons pour construire et construisons ce que nous concevons ». Pourriez-vous repréciser les grands enjeux que vous avez mis en avant lors de votre présentation ?
Trois grands enjeux dessinent dès aujourd’hui l’action stratégique des Chantiers de l’Atlantique pour les prochaines décennies. Tout d’abord, l’enjeu clef de l’impact environnemental qui consiste à aller vers la construction de navires « Zéro émission » ou, devrais-je dire de façon plus réaliste, vers des navires à émissions amoindries, en faisant appel à des technologies plus vertes.
Le deuxième enjeu est un enjeu que je qualifierai d’ « attractivité » provoquant l’effet « waouh ou paillettes » par les clients de nos clients. Nous sommes, ne l’oublions-pas, des fabricants de paquebots et, dans ce cadre, nous nous devons d’apporter des idées nouvelles en termes de divertissements et de loisirs pour nos clients qui sont toujours en quête de marqueurs de différenciation.
Et le dernier enjeu est un enjeu technologique qui doit nous permettre de maitriser toujours mieux nos process aussi bien d’ingénierie que de production pour être au meilleur niveau de performance.
Pourquoi avoir choisi le Pôle EMC2 pour venir présenter votre stratégie d’innovation ?
On a besoin du Pôle EMC2 ! Notre entreprise a pour mission première d’assembler des équipements. A ce titre, en nous impliquant au sein du Pôle EMC2, nous avons accès à un écosystème unique d’équipementiers dont nous manquons cruellement aujourd’hui pour nous aider à développer le « navire du futur ». En venant ici, sur le Technocampus, j’ai souhaité venir présenter à ces mêmes équipementiers ma stratégie pour susciter l’intérêt de travailler à nos côtés. Renforcer notre expertise en matière de réduction de l’impact environnemental, de tenue en mer, de sécurité, de réglementation mais également de confort sont autant de sujets sur lesquels nous ne développerons rien seuls. Et je tiens également à remercier le Pôle S2E2 qui a su mobiliser pour ce rendez-vous clef.
En matière de R&D, vous avez, à maintes reprises, mentionné les travaux que vous menez avec l’IRT Jules Verne. Pouvez-vous revenir sur les résultats clefs que vous en attendez ? Nous avons d’ores et déjà travaillé sur un grand nombre de projets avec l’IRT Jules Verne pour lesquels nous sommes en passe d’aboutir notamment sur les thèmes de robotique de soudage, de réalité augmentée, ou de cobotique associée à la mobilité dans l’espace industriel. Toutefois, nous sommes confrontés à une difficulté non négligeable qui ne nous permet pas aujourd’hui de passer de l’objet de laboratoire à l’objet industriel. Aujourd’hui, l’industrialisation de toutes les bonnes idées qui émergent à l’IRT Jules Verne nécessite une phase d’intégration sine qua non pour la viabilité des projets. Et en atteignant cet objectif nous serons en mesure de conjuguer durabilité et rentabilité avec nos partenaires !