RIDE 2023 : un pas de géant vers une Industrie Durable et Écoresponsable
Le 20 septembre dernier, un événement marquant a réuni plus de 300 acteurs de l’écosystème industriel du manufacturing. Organisées par le Pôle EMC2, les Rencontres pour une Industrie Durable et Ecoresponsable (RIDE) ont été pensées autour d’une thématique clé pour le futur de l’industrie “la résilience industrielle, nouveau paradigme de la transformation des entreprises”.
17 intervenants, 31 exposants et 330 participants ont répondu présents à cette deuxième édition de RIDE. L’événement, rythmé par des conférences, tables rondes et temps de networking, s’est clôturé par un dîner de gala pour continuer les échanges.
Des conférences au format dynamique
Les participants ont bénéficié d’un programme riche cadencé par l’intervention de 17 experts et acteurs industriels qui ont partagé leurs connaissances et leurs expériences.
Parmi les temps forts, trois conférences captivantes ont éclairé l’auditoire sur les tendances et défis majeurs de l’industrie durable. Olivier Lluansi de PwC Strategy& a ouvert la marche avec « La résilience industrielle« , Éric Bergé du Shift Project a abordé la question de « Comment repenser les modèles face aux limites planétaires« , et Louis Gallois*, ancien PDG d’Airbus, a posé la question cruciale : « L’industrie, est-elle une partie du problème ou une partie de la solution ?« . Ce grand monsieur de l’industrie a pour l’occasion accepté un échange à brûle-pourpoint avec la future génération industrielle à travers 10 étudiants de l’ICAM. Une séquence d’interviews sur leurs visions respectives du futur de l’industrie qui a conquis le public présent.
4 tables-rondes pour approfondir les débats
Quatre tables-rondes ont offert des discussions approfondies et interactives, permettant aux experts de débattre de la durabilité industrielle sous différents angles.
Parmi les sujets abordés figuraient « Les néo-industriels« , qui a rassemblé des experts tels qu’Olivier Lluansi de PwC Strategy&, Florence Baron de Bysco, Sébastien Ecault d’E-cobot, et Julien Blanchard de Hoffmann Green Cement Technologies.
Également, « L’industrie traditionnelle : adaptation ou transformation ?« , où Éric Bergé du Shift Project, Christelle Boutolleau d’Europe Technologies, Christophe Aufrère de Forvia, et Hervé Rivoalen d’EDF ont confronté leurs idées.
L’échange « De l’Europe aux territoires : Feuille de route de la mise en mouvement » a réuni autour de la table Seán O’Reagain de la Commission européenne, Eric Prud’homme de l’ADEME et Emmanuelle Degrauwe de la Banque Populaire Grand Ouest. Ils ont chacun démontré, à leur échelle, que la mise en action des entreprises n’était pas seulement souhaitable mais nécessaire.
Enfin, « La mise en mouvement à impact« , thématique abordée par Juliette Muyl de Naval Group, Bruno Nicolas d’Actemium et Isabelle Albertalli de Bpifrance, a donné à voir des exemples concrets d’actions déjà mises en place dans des sociétés, sources d’inspiration pour nos participants.
La résilience industrielle : quel monde pour demain ?
La résilience industrielle est le concept central qui a animé les discussions lors de l’événement RIDE. Elle désigne la capacité d’un secteur ou d’une entreprise à résister aux chocs soudains et aux perturbations majeures, ainsi qu’à se rétablir rapidement après des événements inattendus tels que des catastrophes naturelles, des crises économiques ou des interruptions de la chaîne d’approvisionnement. Cette capacité requiert la mise en place de stratégies et de mesures visant à minimiser les risques, à maintenir la continuité des opérations et à s’adapter aux circonstances changeantes, tout en préservant la viabilité à long terme de l’entreprise ou du secteur industriel concerné. Dans un monde marqué par l’incertitude et la volatilité, la résilience industrielle est cruciale pour assurer la stabilité et la durabilité.
La vision d’Olivier Lluansi sur la résilience
Olivier Lluansi, associé chez PwC Strategy& et enseignant à l’École des Mines de Paris, a lancé le débat en partageant sa vision de la résilience. Il a souligné la transition en cours vers un nouveau paradigme sociétal, évoquant la fin de l’ère de la consommation de masse et la nécessité de repenser notre mode de vie pour préserver notre culture et notre civilisation à la lumière des limites planétaires dépassées :
“Je pense qu’il faut tous qu’on assume l’évidence. Nous sommes en train de basculer vers un nouveau monde. […] Et nous n’avons pas le choix. Parce qu’avec six des neuf limites planétaires qui sont dépassées, si nous voulons préserver un tant soit peu notre culture, notre mode de civilisation, nous allons devoir gérer cette transition.”
La nécessité de repenser nos modèles économiques
Eric Bergé a, quant à lui, abordé la nécessité de repenser nos modèles économiques à la lumière des limites planétaires, qui sont les seuils écologiques au-delà desquels des changements irréversibles et déstabilisants pourraient survenir. Il a mis en évidence la nécessité de ralentir la consommation de ressources fossiles et de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans des industries clés comme la production d’acier et de ciment. Il a également affirmé que des solutions novatrices, telles que celles présentées par Julien Blanchard, seraient essentielles pour répondre aux défis environnementaux.
“(En fait,) on va devoir aller moins vite parce qu’il y aura une baisse des fossiles et les quantités d’énergies renouvelables ne suffiront pas.”
Les défis et opportunités de l’industrie
Louis Gallois a mis en évidence les défis et les opportunités de l’industrie dans la lutte contre les problèmes environnementaux, tout en soulignant l’importance de l’innovation et de la formation.
Il a abordé le besoin crucial de recherche et développement (R&D) pour relever les défis de la transition énergétique et écologique. Il a souligné que la recherche est essentielle pour inventer les solutions de demain, que ce soit dans la production d’électricité, les énergies renouvelables, les matériaux innovants, ou même dans des domaines tels que l’agroalimentaire et la santé. De plus, il a mis en évidence le déficit de la France en matière d’efforts de recherche par rapport à d’autres pays pour rester compétitive : “Il va falloir beaucoup de recherches. Or, qu’est-ce qu’on constate en France ? Notre recherche est trop faible. Je viens de publier une tribune dans Le Monde vendredi dernier sur ce sujet. Notre effort de recherche représente 2,2 % du produit intérieur brut. Nous nous étions engagés à 3 %.”
L’innovation technologique au service de l’industrie
RIDE c’était également une zone d’exposition qui a rassemblé 31 structures venues présenter les dernières avancées technologiques en faveur de l’industrie durable, telles que l’intelligence artificielle, les énergies renouvelables ou la mobilité électrique. Parmi les exposants, nous pouvons citer Droxony et son drône capable d’analyser la qualité de l’air et de la pollution atmosphérique, MAPPSY, une plateforme dédiée à la performance opérationnelle, ou encore le projet “TerraCool” sur la création d’Îlots de fraîcheur réalisés par impression 3D en terre crue, un travail mené par la LS2N, l’ENSA Nantes et SAPRENA.
Ces innovations sont autant de solutions qui ont le potentiel de réduire l’empreinte carbone de l’industrie et d’accélérer la transition vers une production plus sobre, plus humaine, efficiente, solidaire et souveraine.
L’industrie c’est 100% de la solution
Stéphane Klein, Président du Pôle EMC2 a conclu l’événement en reprenant les mots de Louis Gallois : “Le message que nous devons retenir de cette journée, et je reprendrai le propos de Louis Gallois, l’Industrie, c’est 20 % des problèmes mais c’est 100 % de la solution.”
Cette deuxième édition de RIDE a apporté une contribution significative à la promotion de pratiques écoresponsables dans l’industrie. Il a rappelé que la durabilité est une responsabilité partagée et une opportunité pour tous les acteurs de contribuer à un avenir plus propre et plus respectueux de l’environnement.
Alors que le monde continue de faire face à des défis environnementaux majeurs, des événements comme RIDE prouvent que des solutions innovantes et une collaboration globale sont possibles. L’industrie peut et doit jouer un rôle central dans la construction d’un avenir plus durable, et les Rencontres pour une Industrie Durable et Écoresponsable ont mis en lumière le chemin à suivre.
*Ancien PDG d’AIRBUS et Président de la SNCF · Commissaire général de l’investissement de 2012 à 2014 · Co-président de La Fabrique de l’Industrie