« Demain l’industriel pourra produire lui-même sa propre énergie »
3 questions à Julien ARAGON, Responsable du projet « Smart factory » du Groupe EDF
Le Pôle EMC2 et EDF ont signé un accord de coopération visant à faire émerger des projets relatifs à l’efficacité énergétique des usines. Julien Aragon, Responsable du projet « Smart factory » du Groupe EDF, dresse un état des lieux de l’efficacité énergétique dans les usines françaises et de ses enjeux.
Que recouvre le terme d’efficacité énergétique appliqué à l’industrie ?
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Quels sont les enjeux principaux ?
Ils sont nombreux. Aujourd’hui, les industriels sont liés à un fournisseur d’énergie par un contrat qui les raccorde à un réseau. Demain, l’industriel pourra produire lui-même en partie sa propre énergie et parfois la revendre. De façon analogue, les interactions entre industriels d’une même zone vont être amenées à s’opérer : par exemple sur les utilités comme la chaleur (produite par un four en métallurgie par exemple) se valorisent à l’échelle d’un territoire. Pour vous donner un autre exemple concret, dans une même zone, nous pouvons trouver une usine qui jette des déchets qui sont les matières premières de son voisin ! Ce nouveau fonctionnement suppose que les industriels se préparent et se parlent. Il y a donc des synergies à trouver au niveau des zones industrielles et des territoires. Cela ne se joue pas seulement à l’échelle de l’usine. EDF accompagne ses clients sur ces enjeux également grâce à l’apport du des outils numérique notamment, mais surtout sa présence au plus près de ses clients sur tout le territoire.
Quel est le niveau de maturité des industriels sur ce sujet de l’efficacité énergétique ?
Nous pouvons distinguer trois typologies d’industriels. Les deux premières sont plutôt représentées par les grands groupes. Il s’agit de ceux qui font, qui expérimentent, qui ont lancé des programmes pour une recherche de compétitivité à court terme. Il s’agit surtout des industries soumises à une concurrence mondiale historiquement forte comme les constructeurs automobiles et aéronautiques. Dans la deuxième typologie, les entreprises ont identifié un intérêt stratégique mais ne sont pas tout à fait matures sur le sujet. Elles regardent ce qui se passe. A nous, EDF, de les faire monter dans le train !
Enfin, la troisième catégorie est celle du tissu de PME où il y a un gros travail de modernisation et de montée en gamme face à la concurrence européenne et internationale. Les sujets d’efficacité énergétique ne sont souvent pas considérés comme prioritaires et la PME n’a pas forcément les ressources et les moyens pour les traiter. Nous devons trouver les bons modes d’accompagnement.
C’est justement pour nouer des relations locales avec les industriels et comprendre leurs besoins spécifiques et adapter notre gamme d’offre à l’industrie que nous travaillons avec des écosystèmes comme EMC2. D’ailleurs, EDF étoffe ses offres au-delà de l’efficacité énergétique aujourd’hui grâce à son expérience industrielle qu’elle souhaite valoriser auprès de ses clients et nourrit de fortes ambitions sur ce marché.
Pour EMC2, relever le défi de l'efficacité énergétique impose aux industries manufacturières de revoir leurs façons de concevoir, d'agir et de penser. L’alliance avec EDF, acteur de référence sur l’usine du futur, est en totale cohérence avec l’ADN du Pôle, miser sur l’intelligence collective et le croisement des expertises, pour renforcer la compétitivité des entreprises industrielles de l’écosystème. Opérationnellement, cette collaboration se traduira dans un premier temps par la construction d’une feuille de route commune sur le sujet de l’efficacité énergétique des usines puis à la mise en œuvre de projets d’innovation collaborative.
Publié le 5 septembre 2017